Blog / 2024 / Quand On N’est Pas sur les Réseaux Sociaux (Le Point de Vue d’un Artiste)

18 novembre 2024

Cela fait quatre ans et un jour que j’ai quitté Facebook et Instagram. Au cours de cette période, j’ai beaucoup appris sur moi-même et encore plus sur les réseaux sociaux. Voici les quatre principales leçons:

  1. Ceux qui adorent Instagram n’ont pas tendance à chercher ailleurs.
  2. Ils sont souvent débordés par leur flux et ne font pas l’effort d’aller en dehors de leurs applis préférées pour des infos ou des conversations. Cela signifie que, si tu n’es pas sur TikTok, t’es au moins un peu invisible pour beaucoup de gens autour de toi.

    Cela peut sembler comme un fait accompli, mais l’accent mis sur les applis comme manière de s’engager avec le monde est bizarre, malsain, et exactement comme les entreprises qui maintiennent ces réseaux le souhaitent. Elles investissent toutes sortes d’argent pour rendre leurs plateformes addictives, et cet effort n’a pas été vain. C’est pourquoi nous, en tant que société, devons nous battre pour le contrôle financier de nos infos. Nous devons forcer ces entreprises à nous verser une partie de l’argent qu’elles gagnent en vendant à d’autres entreprises des pubs hyper-ciblées. Ce paiement pourrait facilement prendre la forme d’un revenu de base universel, qui redonnerait à chacun d’entre nous un peu plus de liberté dans un monde où ces entreprises nous en ont volé beaucoup trop en nous hypnotisant de manière précise et dévastatrice pour nous inciter à acheter toujours plus de choses.

  3. Ce qu’il y a de plus beau sur TikTok est la validation.
  4. On dit que l’interêt d’Instagram est le réseautage, mais ce qui me manque le plus après douze ans avec Facebook et quatre ans sans est comment ces applis pouvaient confirmer que j’étais sur la bonne voie. Les indicateurs de réussite—les “likes,” les vues, et les abonnements—répondent tous à un besoin social profond que nous avons en tant qu’êtres humains. Et ils sont particulièrement séduisant pour les artistes, qu’une société obsédée par l’argent comme seule véritable mesure de la bonté critique sans cesse pour leur choix de poursuivre l’art au lieu d’un salaire régulier.

  5. Ce qu’il y a de pire sur Facebook est aussi la validation.
  6. Lorsque tu te tournes vers TikTok pour recevoir de la reconnaisse que ce que tu fais compte, t’acceptes une sorte d’affirmation qui a été moyennée. Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas une personne qui te remercie pour ta contribution, mais un peuple, et la puissance de cette réponse en groupe peut te donner envie de créer uniquement au goût de ton public. En faisant une œuvre d’art qui t’apportera des commentaires positifs de la part d’une foule d’amateurs d’art, tu tombes dans le pire des pièges, le piège de chercher trop à plaire aux autres, et c’est un piège que tout artiste qui veut gagner de l’argent avec son art aura déjà du mal à éviter.

  7. Les réseaux sociaux te font perdre ton ambition d’être toi-même.
  8. Il s’agit d’un problème plus vaste, bien sûr. Ce ne sont pas seulement les réseaux qui rapetissent nos idées de ce que nous pouvons faire de notre vie. En tant que société, nous avons tendance à nous limiter les uns les autres—j’y ai fait allusion au point n°2 lorsque j’ai parlé de notre obsession pour l’argent, mais ce n’est qu’une partie du problème. Nous nous mettons constamment la pression pour cocher toutes les cases de La Liste d’une Vie Correcte. Tu dois:

    (✔) trouver le bon travail
    (✔) gagner le meilleur salaire
    (✔) acheter la bonne voiture
    (✔) trouver le meilleur conjoint
    (✔) acheter une belle maison
    (✔) avoir des enfants
    (✔) élever des enfants qui trouveront un bon travail

    Il n’y a rien de sinistre dans ces choix de vie, et on ne devrait certainement pas avoir honte de vivre par cette liste. Au contraire, en tant que personne qui a passé sa vie à avoir honte de ne pas avoir fait ces choix, je tiens tout simplement à défendre une autre façon d’être. Je veux un monde où ne pas suivre le chemin prescrit est acceptable. Je veux que chacun d’entre nous se sente encouragé à prendre le temps de trouver quelque chose en dehors de La Liste.

    Je veux vivre sur une planète où l’ambition principale de chacun est toujours d’être soi-même.

    Et les réseaux sociaux sont un ennemi de ce genre d’existence, car TikTok, Instagram, et tous les autres encouragent le conformisme. (Voir ci-dessus au point n°3.)

[pas de son]

L’idée de défendre l’ambition d’être soi-même est inspirée par deux artistes: Naomi Kanakia et Sanchia Marshall.

Il y a quelques mois, Sanchia et moi discutions du fait que nous n’aimions pas nous regarder dans le miroir. Dans mon cas, cela faisait des années que je n’avais pas regardé mon visage dans son ensemble au lieu de le scruter pour voir les imperfections. Puis Sanchia m’a raconté qu’elle avait demandé à sa fille adolescente ce qu’elle voyait quand elle se regarder. Vint une réponse iconique:

“Une bête magnifique”

J’ai décidé que j’aimerais beaucoup voir cela aussi, alors je me suis mise au travail pour faire un autoportrait dans le miroir, et c’est ce que montre cette vidéo. En la regardant, je trouve choquant de voir à quel point le tableau change au cours du processus. Mon humeur et mon niveau de confort en constante évolution pour établir un contact visuel avec moi-même ont influencé la magnificence de la bête que je regardais.

autoportrait Gwenn Seemel peint dans un miroir
Gwenn Seemel
Bête Magnifique
2024
acrylique sur papier
36 x 28 centimètres

Huit jours après avoir terminé cet exercice du miroir, je suis tombée sur le livre de Naomi Kanakia Just Happy to Be Here, un roman pour jeunes adultes qui raconte l’histoire d’une fille transgenre qui est dans un lycée préparatoire et plutôt prétentieuse. On la pousse à avoir de grands rêves comme devenir sénatrice, alors qu’elle et ses amis essaient simplement de comprendre comment être eux-mêmes.

L’histoire m’a stressée, mais elle m’a aussi touchée d’une manière que seule la littérature pour jeunes adultes peut faire. Elle m’a rappelé l’intensité de l’adolescence et m’a donné envie de vivre une rébellion adolescente à 43 ans.

Notre société essaient à maintes reprises de nous persuader d’être comme tout le monde. Je n’avais jamais pensé à faire le contraire en me concentrant sur l’ambition d’être moi-même—pas avant de lire le livre de Naomi. J’adore la poésie de cette phrase.

autoportrait Gwenn Seemel peint dans un miroir
détail de Bête Magnifique

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