Blog / 2024 / Rendre la Bise Importante à Nouveau

7 août 2024

Aux États-Unis, on ne se fait pas la bise, mais on a quand même une sorte de bise à l’américaine: le “hug.” On se serre dans les bras, sans presser nos joues l’une contre l’autre et sans faire le bruit d’un bisou. C’est à la fois plus intime et moins personnelle qu’une bise française, et, si tu n’es pas comme moi franco-américaine, je ne pourrais jamais expliquer comment ces deux salutations sont equivalentes. Néanmoins, pour cet article, je te demande de me croire, parce que je vais parler en détail de cette fameuse bise à l’américaine.

C’était en mai 2021 que j’ai commencé à dire “non” à cette bise, car c’était à ce moment-là que j’ai reçu ma première série complète de vaccins contre COVID. Autrement dit: il y a trois ans, je suis sortie suffisamment du confinement pour passer du temps avec des humains qui n’étaient pas mon mari.

Avant la pandémie, je faisais la bise à l’américaine de manière compulsive. Je me jetais dans les bras de gens qui n’inspiraient pas toujours une chaleur très enthousiaste chez moi parce que je croyais que le contact humain pouvait améliorer le monde en faisant en sorte que les gens se sentent moins aliénés. Bien entendu, je n’ai pas eu cette idée toute seule. Très tôt, ma famille m’a appris que fournir ce type de soins faisait partie de mes responsabilités. Certains membres ont modélisé le comportement et ont souvent parlé de l’importance d’une chaleur qui est manifestée physiquement. Et ils n’étaient pas seuls. La société dans son ensemble a tendance à pousser les filles à être des hôtesses émotionnellement disponibles qui doivent toujours faire de leur mieux pour mettre tout le monde à l’aise.

Cependant, au moment où la pandémie est arrivée, j’étais prête à mettre fin à la chaleur physique partagée avec n’importe qui sauf mon chéri. Je me plaignais depuis des années des bises à l’américaine forcées—c’est-à-dire les bises que j’acceptais parce que je n’avais pas le courage de rejeter quelqu’un qui m’ouvrait les bras, mais aussi celles que je ne pouvais m’empêcher d’imposer aux autres, même si le destinataire aurait probablement préféré que je lui serre la main.

Le virus m’a donné la force dont j’avais besoin pour dire “non” à tout le monde, y compris à moi, parce que même mes années de formation en tant que gentille petite fille n’allaient pas me pousser à mettre ma santé en danger pour serrer les gens dans mes bras. De plus, la pandémie m’a donné l’excuse parfaite. Je n’aurais pas l’air froide en refusant une demande de presser mon corps contre celui de quelqu’un d’autre: je contribuais à l’effort que nous faisions tous pour arrêter la propagation de COVID.

Mais dans un monde qui pense que COVID est terminé, il est de plus en plus difficile d’utiliser le virus comme raisonnement lorsque je propose toucher les coudes à la place de prendre une personne dans mes bras. Il est donc temps de commencer à considérer les années de pandémie comme un nouveau type de formation. Quand quelqu’un m’ouvre ses bras, je ne peux pas me perdre dans des excuses concernant les nouveaux variants du COVID, la menace imminente de la grippe aviaire, ou les futures pandémies en général. Je dois rester ferme sur le fait que ma préférence va au petit point de contact coude-à-coude et que cette préférence est valable, quitte à ce que quelqu’un puisse me juger froide.

[pas de son]

Parce que je suis tellement contente de moins faire la bise à l’américaine.

D’une part, quand je choisis de serrer quelqu’un dans mes bras maintenant, c’est plus significative—et non pas seulement parce que je réserve cette bise à l’américaine principalement pour des occasions spéciales comme un vernissage pour mon art ou des retrouvailles avec un ami que je n’ai pas vu depuis un moment. Surtout, j’apprécie les “hugs” que je décide d’offrir parce qu’ils ne sont pas mêlés aux pensées de toutes les bises à l’américaine gênantes que j’endurais avant.

D’autre part, j’apprends la beauté subtile de trouver de nouvelles façons d’exprimer la chaleur. Lorsque tu n’optes pas par défaut pour une bise à l’américaine, tu dois imaginer de nouvelles façons de transmettre ton affection. Parfois, vos coudes touchent plus longeument et, d’autres fois, il est logique d’offrir un tope là inattendu. Tu pourrais même parler de tes émotions pour communiquer la chaleur que tu ressens avec des mots. Et il y a toujours un contact visuel important—un échange que j’ai souvent manqué dans le passé alors que je me précipitais dans une bise à l’américaine.

deux jonquilles monstrueuses dans un champ de jonquilles, peinture de la peintre nonbinaire Gwenn Seemel
Gwenn Seemel
Succulente, Magnifique, Intègre, Salace, Prodigieuse
2024
acrylique sur bois
30 x 23 centimètres

Ce tableau est une œuvre personnalisée que j’ai conçue sur la base des cinq mots de son titre—des mots que le client m’a fourni. Il s’agit d’un type d’art fait sur commande que j’ai inventé pour mon Kickstarter l’année dernière. Mais l’image est bien plus que cela.

un champ de jonquilles, mais deux des fleurs sont des monstres
Gwenn Seemel
Joyeuse Compagnie
2023
acrylique sur bois
36 x 28 centimètres
(Voir la réalisation de Joyeuse Compagnie ici.)

C’est la suite de l’histoire que j’ai commencée dans cette image, où les jonquilles à jambes sont de la même taille que les autres fleurs. Elles essaient de passer pour des jonquilles ordinaires, du moins de la perspective des humains qui ne remarqueront probablement que des têtes dorées qui dansent dans une brise printanière.

personnages avec têtes de jonquilles
détail de Succulente, Magnifique, Intègre, Salace, Prodigieuse

Dans la nouvelle image, les personnages ont atteint une taille prodigieuse—une taille humaine—et ils sont assis dans le champ, nous saluant avec un sourire timide et un signe de main.

Tu peux acheter des impressions et d’autres jolies choses avec Succulente, Magnifique, Intègre, Salace, Prodigieuse ici dans ma boutique sur Redbubble.


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