Blog / 2023 / Erreur n°2: Publier de l’Art Qui N’est Pas Mon Meilleur

Ma carrière artistique aura vingt ans cette année! Pour célébrer cet artiversaire marquant, je veux me concentrer sur certaines de mes erreurs les plus banales, de petites choses qui rendent finalement si difficile de continuer en tant qu’artiste. Parce que si je devais citer une raison principale pour laquelle je continue à faire de l’art après tout ce temps, c’est que j’ai refusé de laisser ces échecs quotidiens me frustrer.

L’épisode d’aujourd’hui du Carnaval d’Erreurs concerne l’art que je regrette et que je ne peux pas reprendre.

Je suis le genre d’artiste qui crée souvent des séries— comme des portraits sur ce que c’est d’être femme ou des œuvres surréalistes sur la santé mentale. En raison de ma tendance à faire des peintures en groupe, je me prépare presque toujours au chagrin de publier au moins une œuvre dont je ne suis pas satisfaite à 100%.

Exemple: cette image d’une taupe et la série dont elle est issue, Le Crime Contre Nature. Parce que la série est aussi un livre, et parce que j’avais un délai pour terminer le livre et le faire imprimer, j’ai fini par utiliser cette illustration même si elle ne me plaît pas entièrement.

Mais, là encore, cette peinture de cette même série m’a aussi semblé pas terrible, et dès le début, c’était une des préférée, gagnant de nombreux compliments lors de l’expo initiale du Crime Contre Nature. En fait, ce serait l’une de mes images les plus vendues dans ma boutique d’impression à la demande.

C’était à la fois une bonne nouvelle et une mauvaise, parce que, d’une part, j’étais contente que mes inquiétudes concernant l’œuvre ne m’aient pas empêché de l’inclure dans le livre compte tenu de sa popularité. De l’autre, je craignais d’avoir perdu mon goût—dans un sens artistique, pas un dans un sens COVID. Je me suis demandé: que voyaient les autres que je ne pouvais pas discerner?

Avec un peu de distance et en regardant des images comme celle-ci d’un animal que la plupart des gens détestent, j’ai compris que peut-être mon compteur de “ça craint ou pas?” n’était pas cassé. Il y a beaucoup de facteurs qui expliquent pourquoi quelqu’un peut apprécier une image particulière.

Par exemple, ce n’est pas parce que le moustique ne s’est toujours pas vendu onze ans après que je l’ai fait que ce n’est pas une image valable. Après tout, en 2016 il est apparu dans cette belle anthologie d’œuvres qui explorent l’histoire de la relation que nos enfants ont avec la nature.

De plus, je venais de créer et de juger les 56 images du Crime Contre Nature, y inclus cette peinture médiocre de deux écureuils, au cours de quelques mois. J’ai fini par comprendre que mon discernement était épuisé et non pas en panne. La pression de finir ce projet à temps avait poussé mon perfectionnisme à l’extrême.

En fin de compte, j’ai appris que parfois je dois publier mon art même lorsque je n’en sui pas complètement convaincue, sinon mon anxiété artistique m’empêchera de partager mon art.

Même si parfois ça me fait grincer des dents quand je vois certaines de mes images, mon œuvre dans son ensemble ne me rend que fière, et je n’aurais jamais su que je pouvais ressentir cela si j’avais laissé mon perfectionnisme mettre fin à mon art.