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Tu sais quand quelqu’un te dit quelque chose et que cette chose devient la chose qui définit cette personn dans ta tête? Je ne veux pas dire des gens que tu connais bien, mais des gens que tu viens de rencontrer. Et en décivant tout ça, je me demande si ce n’est pas mon problème et que t’as aucune idée de ce que je parle.

En tous les cas, ça vient de m’arriver avec deux artistes. L’un parlait beaucoup du fait qu’il avait étudié à une école de beaux-arts très connue aux États-Unis, et l’autre parlait du fait qu’elle gagnait plus que $100000 chaque année avec son art. Et ces deux choses sont d’énormes accomplissements. Ces gens-là ont le droit d’en être fiers et d’en parler beaucoup. En même temps, je me demandais si ces deux artistes auront envie que ce sont ces deux choses-là qui définissent leur art pour moi.

Et ça m’a fait penser: comment est-ce que les autres me perçoivent? Qu’est-ce qu’il y a dans la tête des autres quand ils voient mon art? Et comment, moi, j’influence la chose qui est dans la tête de ces autres personnes? Et je me suis rendue compte que moi aussi je faisais pareil que ces deux artistes. C’est pas pour dire que j’aie étudié à une grande école de beaux-arts très connue—j’ai pas fais ça. C’est pa pour dire que je gagne plus que $100000 avec mon art chaque année—je ne fais pas ça.

Mais récemment je parle beaucoup du fait que ça fait plus que vingts ans que je gagne ma vie à temps plein avec mon art. Ça fait deux décennies que je paie le loyer avec mon art. Et, encore une fois, c’est un énorme accomplissement! Et j’ai le droit d’en être fière. En même temps, avant ça, c’était que j’avais des milliers de followers sur plusieurs plateformes des réseaux sociaux. Avant ça, c’était que ça faisais dix ans que je gagnais ma vie avec mon art.

Donc, tu vois un peu, c’est toujours des chiffres, des classements. Et on est comme ça. On est très—comment dire? On se concentre beaucoup sur les statistiques quand on parle de valeur aujourd’hui et c’est dommage. Et j’ai vraiment envie de me séparer de cette manière de penser. Donc, dans les deux décennies que viennent, je veux parler de mon art autrement.

Je tiens à souligner la profondeur de mes œuvres. Mon art est conçu pour susciter le dialogue, inciter les gens à s’écouter eux-même et à s’écouter mutuellement, les amener à aborder des sujets importants, trop souvent négligés. Je parle du droit d’auteur et de questionner si oui or non son impact sur la créativité et les artistes est positif. Je parle de tout ce qui est queer dans le monde naturel. Je parle de l’immigration. Je parle de santé mentale. Je parle de tyrannie et de la lutte pour la démocratie. Je parle de la beauté des petits moments du quotidien et de la révolution qui vit dans cette beauté.

Si je dois résumer mon art en une phrase simple, quelque chose qui peut remplacer une statistique dans la tête de quelqu’un quand il pense à mon art, c’est que mon art c’est fait pour savourer: il y a une profondeur. C’est fait pour faire réfléchir. Et aussi, que mon art c’est fait pour sauver le monde. Parce que quand je parle de dialogue et de s’écouter soi-même et mutuellement, je parle de connexion, et c’est la connexion qui va nous sauver.

Donc mon art c’est fait pour savourer et aussi pour sauver le monde.