Blog / 2025 / Une Lettre d’Amour à l’Avenir de l’Art

TRANSCRIPTION

Chaque année, au printemps, mon petit village est en pleine effervescence artistique avec un thème singulier: le poisson. Quelques centaines d’artistes—amateurs et professionnels—créent des œuvres pour une vente aux enchères qui finance deux bourses de $25000 destinées aux jeunes de la région souhaitant étudier les beaux-arts, la musique, le théâtre, l’écriture.

C’est une lettre d’amour épique à la créativité, de ma petite communauté à l’avenir de l’art, et cette lettre d’amour est profondément excentrique.

La plupart des œuvres sont aussi pleines de poissons que celle-ci, car, il y a quarante ans, lorsque tout cela a commencé, la rivière s’était enfin remise de l’industrie non réglementée, et l’alose, une espèce de poisson qui vit dans l’océan mais qui retourne pour frayer, était revenue. Certains personnes créatives du village ont pensé qu’il serait une bonne idée de célébrer cette victoire pour la nature—et pour les humains qui avaient enfin compris qu’empoisonner la planète était plutôt bête. Et ils ont décidé que les jeunes personnes créatives de la région auraient besoin d’un peu de soutien pour se lancer dans le vaste océan. C’est ainsi qu’est née la vente aux enchères d’art.

Et elle me rend si heureuse.

Je suis actuellement responsable du comité d’évaluation qui choisit les étudiants qui auront les bourses, ce qui veut dire que je doit rassembler les lettres de recommandation et autres infos et puis organiser tous les rendez-vous, car chaque étudiant qui postule est interviewé par un jury d’artistes du coin. Et je pense que c’est peut-être ce que je préfère dans tout ce processus: rencontrer les jeunes et les mettre en contact avec une génération plus âgée, des personnes qui contribuent à la créativité de diverses manières depuis des années.

L’art n’est pas valorisé dans notre monde. Il est presque impossible de gagner sa vie en tant qu’artiste, et cela devient de plus en plus difficile à mesure que les entreprises s’emparent de notre créativité et la soumettent aux cerveaux robotisés de leur soi-disant “intelligence artificielle,” trouvant des moyens de gagner de l’argent à partir du travail des autres—un travail qu’elles ne rémunèrent jamais. Nous n’avons peut-être pas encore trouvé comment forcer ces entreprises à partager leurs richesses mal acquises avec nous, mais nous, les humains, savons partager. Et la drôle de lettre d’amour pleine de poissons de mon village à l’avenir de l’art le prouve.