Blog / 2022 / Tenir à l’Arc-en-ciel

TRANSCRIPTION

Le trompe-l’œil n’a jamais été mon truc. Faire semblant avec une peinture qui donne l’impression des trois dimensions d’un objet ne m’intéresse pas, que ce soit quand je regarde de l’art ou quand je le crée. D’ailleurs, mon style de peinture avec ses coups de pinceau évidents ne se prête pas vraiment au trompe-l’œil. Ce n’est pas assez réaliste.

Mais j’ai eu envie de peindre un écureuil sur un sac fourre-tout, et—je ne sais pas pourquoi—l’idée de donner l’impression que cet animal s’était attaché à un arc-en-ciel m’amusait, alors je l’ai peint. Et ce n’est que lorsque j’étais en plain milieu du projet que j’ai compris que l’écureuil, c’était moi.

Ce que je veux dire, c’est que je suis personne genrefree mais tout de même plutôt féminine dans son apparence et que mon partenaire intime est homme cis, donc ce n’est pas toujours apparent que je me situe hors de l’hétéronormativité. Passer: voilà comment ça se dit. Je passe très facilement comme entièrement hétéro et complètement cis. C’est au point où, pendant des années, je ne croyais pas avoir le droit d’assumer publiquement mon identité queer. Pour de nombreuses hétéros, il semblerait que je cherche de l’attention. Pour certains homosexuels, c’est transgresser sur leur marginalisation.

Mais à mesure que je revendique de plus en plus mon statut de genrefree, je me soucie de moins en moins de ce que ces hétéros ou ces homosexuels pourraient penser. Être moi autant que je peux l’être compte davantage. Et en explorant l’entre-deux, je découvre que je ne suis pas seule. Les personnes bisexuelles ont longtemps été frustrées par la façon dont les super hétéros et les homosexuels binaires les rejettent.

Ces hétéros qualifient souvent la bisexualité de “cupide,” même si je ne connais aucun groupe de personnes plus cupide que les hétérosexuels hégémoniques lorsqu’il s’agit de posséder toute la culture et de s’assurer qu’elle ne reflète que l’hétérosexualité. Et les homosexuels voient parfois la bisexualité comme “immature,” comme si la personne bi ne s’était pas encore identifiée. Ceci, malgré le fait que l’homosexualité elle-même est encore souvent décrite comme une expérimentation qui est peut-être acceptable quand on est jeune, mais qu’on doit abandonner lorsqu’on devient adulte.

À bien des égards, on a l’impression que les hétéros conformistes et les homosexuels orthodoxes ont plus en commun les uns avec les autres qu’avec le reste d’entre nous. C’est un petit peu drôle et plutôt emmerdant, mais ce n’est pas tout le monde. En fait, je crois que nous sommes beaucoup plus nombreux à se retrouver dans l’entre-deux: les non-binaires, ceux qui penchent vers la pansexualité, et tous les autres qui peuvent ou non passer, mais qui tiennent à l’arc-en-ciel pour voir où cela les mène.

Cette vidéo existe grâce à l’encouragement et aux micro-dons de ma communauté!