Blog / 2023 / Le Fascisme Qui Arrive Tout Doucement dans Mon Village et l’Âne Dépressif Qui Vie dans Mon Cœur

13 avril 2023

L’année dernière, je me suis installée dans un magnifique petit hameau sur la côte est des États-Unis, un endroit où il y a des arcs-en-ciel en nylon un peu partout et où mes voisins me sourient. Dans cette petite tranche d’idylle progressiste, je n’ai jamais été sifflée dans la rue et jamais un homme ne m’a ordonné à sourire.

Tous les humains qui ont des seins savent que ce que je décrit est surprenant, mais, pour ceux qui n’en ont pas, je clarifie: l’assaut incessant des commentaires d’hommes inconnus agacent beaucoup de personnes qui ont des seins. Quand on trouve un endroit où c’est extrêmement rare, il est difficile de ne pas être charmée.

Et charmée, je l’étais—pour commencer en tout cas. Parce que même si, en général, les gens sont très réfléchis dans ce village, son gouvernement fait défaut dans ce département. À maintes reprises, les dirigeants du hameau affichent une complicité alarmante avec les institutions religieuses, tant locales que nationales.

Pour commencer, la Ville permet à une entreprise religieuse de publier son bulletin, parce que l’entreprise le fait en échange de revenus publicitaires, au lieu de nous facturer. Cela semble une bonne affaire, sauf que l’URL de l’imprimeur apparaît sur toutes les deux pages de ces petits livrets, ce qui implique que la Ville approuve l’entreprise. Et la religion de l’imprimeur, qui figure en bonne place sur son site, verse des tonnes d’argent dans le lobbying des gouvernements de plusieurs états afin de restreindre les droits des victimes d’abus sexuels—une utilisation prudente des fonds lorsque la foi de l’imprimeur est connue pour le fait qu’elle protège les célébrants qui agressent les enfants. C’est bizarre pour moi de devoir préciser cela, mais ce n’est pas le genre de groupe qu’une personne raisonnable voudrait que son gouvernement approuve.

De plus, la Ville parraine plusieurs types de célébrations centrées sur des dieux, travaillant même avec des extrémistes pour organiser ces événements. J’ai observer mes élus masculins cis discutant chaleureusment avec des célébrants masculins cis qui ne me serraient jamais la main—ni à moi, ni à aucune femme cis, personne trans, ou individu non binaire.

Cette pom-pom girl gouvernementale des croyances extrémistes est non seulement dégoûtante, mais c’est aussi défendue dans le contexte de la Constitution des États-Unis, qui interdit au gouvernement de favoriser une religion plus que les autres.

Au cours des six derniers mois, j’ai eu de nombeux conversations à propos du dégeu-défendu de ces comportements avec beaucoup de gens, et la réponse a été mixte, ce qui m’a choquée un peu. Dans un village où le harcèlement de rue a été pratiquement éradiqué, je m’attendais à un respect quasi universel pour tous les types d’êtres humains et pour leur droit de ne pas voir leur gouvernement promouvoir des religions qui nuisent aux femmes cis et trans, aux personnes queer, et aux enfants. Ce que j’ai trouvé était:

  1. Quelques personnes qui sont aussi énervées que moi.
  2. Un groupe d’habitants qui apprécient les fêtes religieuses ainsi que les bulletins imprimés gratuitement au point qu’ils ne sont pas consternés par la façon dont la complicité entre leur gouvernement et les institutions religieuses érode la Constitution.
  3. Un homme cis qui a décidé que je suis fanatique anti-religion et qui, par conséquent, fait ce que les hommes ont fait depuis des millénaires quand une personne avec des seins menace le patriarcat. Il me dit du mal dans le village, ce qui rend plus difficile pour moi de me sentir à l’aise de m’exprimer, plus difficile pour moi de gagner ma vie, et plus difficile pour moi d’exister.

Mon soulagement de ne plus être sifflée dans la rue est certainement mis à l’épreuve par ma déception face à l’acceptation désinvolte de l’oppression par la Ville et l’acceptation par mes concitoyens de l’impair de leur gouvernement. Cette étrange juxtaposition m’a forcé à reconnaître le Bourriquet qui existe en moi—Bourriquet étant l’âne angoissé dans Winnie l’Ourson, et le personnage qui a comme maxime: “cela ne fait jamais de mal de continuer à chercher le soleil.”

le making of du fan art de Bourriquet
processus pour la peinture
le texte se traduit ainsi: “cela ne fait jamais de mal de continuer à détruire le patriarcat”

Je sais que je donne l’impression que je suis toujours très positive, mais une grande partie de qui je suis est un âne bourré de sciure de bois qui est très sensible au monde et qui n’aime pas prétendre que tout va bien alors que ce n’est vraiment pas le cas.

Je ne peux pas compter combien de fois au cours des derniers mois qu’on m’a dit de laisser tomber ces “petits problèmes.” J’ai enfin compris que, quand les gens me disent ça, ils sont comme tous ceux qui me disent que je réfléchis trop. Ils m’indiquent qu’ils ne sont plus à l’aise avec moi, que ma passion et mon intensité les fatiguent.

Au cours de ces conversations, j’ai appris qu’il n’est pas nécessaire de laisser tomber quoi que ce soit—et certainement pas mon combat contre le fascisme qui s’insinue dans ma communauté bien intentionnée. J’ai compris que je dois éviter certaines personnes quand j’ai besoin de parler de l’extrémisme, du nationalisme religieux, et du patriarcat. Tout le monde n’appréciera pas le Bourriquet en moi; il faut tout simplement trouver ceux qui ont, eux aussi, un Bourriquet en eux.

Bourriquet déquisé en Pride tenant un marteau, et, au lieu de dire “cela ne fait jamais de mal de continuer à chercher le soleil,” il dit “cela ne fait jamais de mal de continuer à détruire le patriarcat”
Gwenn Seemel
Cela Ne Fait Jamais de Mal de Continuer à Détruire le Patriarcat.
2023
acrylique sur papier
25 x 20 centimètres

L’œuvre originale est en vente pour $200 plus frais d’expédition (et taxes si t’es dans le New Jersey)—contacte-moi si tu veux l’acheter.

Si tu souhaites en savoir plus sur ce que je pense de la foi plus généralement, il y a:

  • cette vidéo sur le seul groupe religieux que je soutiens de tout cœur
  • cet article qui, entre autres, explique ce que signifie être dieufree pour moi
  • ce portrait de Jésus que j’ai peint comme commentaire sur l’une des formes les plus terrifiantes de nationalisme religieux aux États-Unis
Bourriquet en arc-en-ciel
détail de Cela Ne Fait Jamais de Mal de Continuer à Détruire le Patriarcat.

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