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Il y a plusieurs années maintenant, je suis tombée sur un livre qui a façonné ma pensée et mon art plus que tout autre: La Théorie des Mèmes de Susan Blackmore. Dans ce texte, l’auteur propose que les humains ont évolué pour devenir des imitateurs experts. Elle suggère que notre cerveau est comme il est parce que l’imitation nous a donné un avantage évolutif. Considérant que ma conférence TEDx est “À la Défense de l’Imitation” et que j’encourage les artistes à remettre en question le droit d’auteur, je pense qu’il est évident à quel point les idées de Blackmore m’ont influencé!

Aujourd’hui, la catégorie “bouleverser tout ce que tu penses de la manière la plus délicieuse possible” admet un deuxième livre: The Extended Mind d’Annie Murphy Paul.

Dans son texte, Paul affirme à maintes reprises comment la pensée ne se produit pas à l’intérieur de nos crânes. Elle se produit dans nos mouvements—dans nos gestes ainsi que dans l’exercice, en particulier ceux que nous faisons ensemble. Elle se produit dans notre environnement, dans les fractales apaisantes de la nature et dans la façon dont nous sommes plus capable quand nous nous trouvons quelque part où nous nous sentons chez nous. Elle se passe socialement, par le partage, l’argumentation, et l’enseignement, mais aussi par l’imitation.

Les enfants comprennent ce fait mieux que la plupart des adultes. Les tout-petits savent profondément que nous sommes des copieurs et que notre survie dépend de notre capacité à nous copier tout en faisant des ajustements au fur et à mesure.

C’est drôle, parce que la raison pour laquelle la plupart des adultes ne peuvent pas voir l’importance de l’imitation est qu’ils ont appris à ne pas la voir. Autrement dit, les adultes jugent l’imitation paresseuse ou fausse parce qu’ils imitent tous les gens qui glorifient le mythe du génie isolé qui invente dans le vide!

Je suis fière d’être copieuse. Je juxtapose volontiers mon art avec les œuvres qui l’inspirent, comme dans cette vidéo par exemple. Et mes œuvres sont résolument figuratives, ou, pour le dire autrement, mon art imite la vie.

Des portraits comme celui-ci représentent là où j’ai commencé en tant qu’artiste. Pendant les huit premières années de ma carrière, j’ai peint dans ce genre exclusivement. Et même si je fais aussi maintenant des images d’animaux non humains ainsi que de plein d’autres sujets, je me considère toujours comme un portraitiste dans mon cœur, car le portrait est l’incarnation de l’imitation. Le fait de prendre le temps de vraiment voir un autre humain et de transmettre ce que je vois satisfait mon besoin profondément humain de copier comme rien d’autre ne le peut.

Paul passe presque l’intégralité de The Extended Mind à prouver toutes les façons dont la pensée se produit en dehors du cerveau, me laissant réfléchir comment je pourrais être moins “dans ma tête” avec ma pensée.

Mais ma partie préférée du livre doit être les dernières lignes. L’auteur explique à quel point nos esprits sont devenus étroits, notant qu’une fois que nous acceptons à quel point nos données—ces aspects génétiques et situationnels de nos vies que nous ne pouvons pas choisir—ont un impact sur notre pensée, alors le racisme, le sexisme, l’homophobie, le capacitisme, et le classisme devient impossible à ignorer.